Que du bonheur !

L'endorphine



Dans cet article, nous allons décrire l'endorphine, molécule libérée par le corps lors d'une activité physique. Et nous allons voir par quels processus ce neurotransmetteur permet d'inhiber la douleur et procure au corps une sensation de bonheur.


Présentation de l'endorphine :
Les endorphines sont des neurotransmetteurs. Un neurotransmetteur est une molécule chimique qui assure la transmission des messages d'un neurone à l'autre au niveau des synapses.
Comme les effets de ce neurotransmetteur sont les mêmes que ceux de l'opium et de la morphine, elle appartient au groupe des opioïdes. Ceux-ci sont des peptides capables de produire une réaction analgésique (qui diminue la sensation de douleur).


Cette représentation illustre le fait que l'enképhaline (qui est une endorphine) et la morphine possèdent une région similaire qui explique leur affinité commune pour les récepteurs opioïdes. Ceci explique leur appartenance au groupe des opiacés (ou opioïdes) et donc leur action analgésique similaire.


Les endorphines sont des peptides. Ceci signifie qu'elles sont constituées d'une chaîne d'acides aminés.
Le nombre d'acides aminés du peptide peut varier, c'est pourquoi il existe plusieurs sortes d'endorphines :
    • les enképhalines : entre cinq et huit acides aminés
    • les néoendorphines et dynorphines : entre huit et seize acides aminés
    • la bêta-endorphine : trente-et-un acides aminés


Enképhaline

Bêta-endorphine




Dynorphine A


 Cependant, malgré la variation du nombre d'acides aminés, ces peptides possèdent tous une séquence identique de cinq acides aminés, qui leur permet de se fixer aux récepteurs opiacés (ou opioïdes).
Il existe différents types de récepteurs afin de produire les différents effets de l'endorphine :
    • les récepteurs dits mu (µ)
    • les récepteurs kappa (κ)
    • les récepteurs delta (δ)
Ces récepteurs modulent la réponse à la douleur, au stress ainsi que le contrôle des émotions. Ils ont des fonctions différentes, que nous développeront ultérieurement.
Les endorphines sont sécrétées dans le cerveau et spécifiquement par l'hypothalamus et l'hypophyse durant les situations de stress, qu'il soit d'origine psychologique ou physique. Cette production est d'autant plus importante pendant et après l'exercice physique.
Des récepteurs sont présents dans de nombreux endroits du corps comme la peau, le coeur ou les intestins.

Action analgésique des endorphines
Dans le cerveau, le neurone pré-synaptique émet le neurotransmetteur de la douleur qui se fixe ensuite sur le récepteur à neuromédiateur. Grâce à leur fixation sur les récepteurs opioïdes, les enképhalines et les endorphines bloquent la transmission du signal de la douleur au niveau des synapses, ce qui a donc pour effet de la réduire.

Fixation d'une enképhaline sur un récepteur post-synaptique.
La structure de l'acide aminé tyrosine est complémentaire à celle du récepteur post-synaptique, ou récepteur opiacé. C'est cette fixation qui va entraîner l'action analgésique.

Ces hormones modifient le passage au niveau de la synapse : elles se fixent sur les récepteurs à neuromédiateurs, récepteurs mu et delta, du neurone post-synaptique (neurone qui se trouve au niveau des synapses, reçoit les messages chimiques et le place ensuite après la fente synaptique) et ouvrent son canal. Alors, les anions chlores, naturellement présents dans la fente synaptique, pénètrent dans ce canal. Comme le chlore possède une charge électrique négative, il provoque une hyperpolarisation de la membrane du neurone rendant ainsi sa dépolarisation plus difficile, ce qui rend le neurone moins excitable. Ce processus réduit la fréquence des potentiels d'action : il y a inhibition.
 
Schéma de l'inhibition de la douleur
par le chlore et les endorphines
Les enképhalines interviennent également dans la corne dorsale (partie postérieure de la substance grise de la moelle épinière qui contient des neurones sensoriels qui reçoivent les terminaisons de neurones sensitifs) de la moelle épinière, sur la substance P (polypeptide qui a des fonctions de neurotransmetteur. Dans le système nerveux central, elle est associée à la régulation des troubles de l'humeur, du rythme respiratoire, des nausées et de la douleur.) et sur la moelle épinière au niveau des neurones nociceptifs (relatifs à la douleur). Elles agissent suivant le même processus que celui présent dans le cerveau, décrit précédemment. Ainsi, la fixation des enképhalines sur les récepteurs de la moelle épinière a un rôle inhibiteur dans la transmission des messages nociceptifs vers le cerveau. Il y a donc là aussi réduction de la douleur.

L'endorphine et les enképhalines ont donc des propriétés analgésiques, qui peuvent rappeler celles de la morphine. Cependant, il ne faut pas assimiler endorphine et morphine car elles ont des effets différents sur le corps et surtout, l'endorphine est synthétisée naturellement par le corps contrairement à la morphine qui est artificielle. Si elles ont toutes deux un effet inhibiteur de la douleur, c'est parce qu'elles se fixent sur les mêmes récepteurs.

Production de la sensation de bonheur
C'est le neurone à dopamine, ou neurone dopaminergique, autre neurotransmetteur, qui est responsable de cette sensation de plaisir. Lorsqu'ils sont stimulés, ils libèrent la dopamine au niveau des synapses qui va stimuler les neurones (du cortex principalement) procurant la sensation de bonheur. C'est ce qui est appelé circuit de la récompense.


Schéma du circuit de la récompense

Les molécules d'endorphines mises en jeu dans la production de la sensation de plaisir sont la bêta-endorphine et la met-enképhaline. Si l'une de ces deux se fixe sur le récepteur du neurone inhibiteur à GABA (principal neurotransmetteur inhibiteur du système nerveux central), qui a pour rôle de diminuer la production de dopamine, elle freine l'action de ce neurone inhibiteur. Ceci entraine une réduction de la production de GABA . Le neurone est faiblement polarisé et donc excité car la faible dose de GABA libérée stimule la sécrétion de dopamine dans le neurone post-synaptique. Le canal au chlore du neurone dopaminergique ne reste alors ouvert que peu de temps. La modification de l'activité du neurone dopaminergique est alors modifiée. Il va produire une grande quantité de dopamine qui va générer une sensation de bien-être.
En résumé, les endorphines inhibent les neurones inhibiteurs à GABA, ce qui a pour conséquence directe une augmentation de la libération de dopamine par les neurones dopaminergiques, ce qui génère une plus grande sensation de plaisir.



L'endorphine et le sport
L'organisme peut secréter de l'endorphine en une minute seulement. La production de ce neurotransmetteur est considérablement augmentée après un effort important et peut atteindre jusqu'à cinq fois la valeur de repos. La secrétion d'endorphine peut durer quinze minutes sans interruption. Ses effets sont ressentis pendant quarante-cinq minutes environ.
Cette production a également lieu quand le corps doit supporter une douleur. Elle permet à l'organisme de se surpasser : ce peptide aide le coeur à faire face à la douleur sans la supprimer totalement.

Le sport est la pratique qui permet de ressentir la montée d'endorphine. Les spécialistes du bien-être recommandent aux personnes mal dans leur peau de pratiquer le sport régulièrement, au moins vingt minutes par jour. La secrétion d'endorphine qui en résulte permet d'endormir les émotions et les sensations négatives au profit d'une sensation de bien-être.
La production d'endorphine augmente au fur et à mesure des entraînements : on est ainsi armés contre les dépressions et autres anxiètés qui peuvent parasiter la vie.

L'endorphine est parfois qualifiée de drogue naturelle. Lorsqu'on a ressenti les sensations extrèmes procurées par la sécrétion d'endorphine, on ne peut plus s'en passer et on veut y goûter encore et encore. Ceci explique pourquoi de nombreux sportifs de haut niveau affirment qu'ils ressentent une véritable extase après un effort très important.

L'endorphine est une substance secrétée naturellement par le corps, c'est pour ça que, contrairement à de nombreuses substances narcoleptiques, elle n'a aucun effet négatif sur le corps. Elle peut donc être consommée sans modération.
Alors, tous à nos basket et faisons nous du bien !

2 commentaires:

  1. "La secrétion d'endorphine qui en résulte permet d'endormir les émotions et les sensations négatives au profit d'une sensation de bien-être.
    La production d'endorphine augmente au fur et à mesure des entraînements : on est ainsi armés contre les dépressions et autres anxiètés qui peuvent parasiter la vie."
    -> c'est vrai que ça fait du bien un peu de sport pour chasser les idées noires !

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